En corps

White Swan

Kezako ?

Élise est une talentueuse danseuse de ballet. Après une grave chute durant un spectacle, on lui apprend qu’elle ne pourra peut-être plus jamais exercer son art. Après le choc terrible, elle tente de se reconstruire. Elle fait plusieurs rencontres, entre Paris et la Bretagne, notamment les membres d’une troupe de danse contemporaine.

La critique d’Eugénie – 7/10

Cédric Klapisch (L’Auberge Espagnol, Les Poupées Russes) s’est inscrit dans le paysage français comme un maître portraitiste, à même de « croquer » tant des profils que des dynamiques de groupe ou des situations. Il récidive En corps, en investissant cette fois-ci le milieu de la danse professionnelle et y développe une approche de la physicalité qu’on ne lui connaissait pas.

Et pourtant, l’histoire n’a, en soi, rien d’original. Une jeune danseuse classique contrainte de suspendre sa carrière jusqu’à ce que le contemporain l’aide à reprendre le contrôle de sa vie (et de son corps), on serait presque sur le pitch d’un teenage movie. D’ailleurs, Élise, la protagoniste n’est pas particulièrement intéressante, même si la jeune Marion Barbeau accroche le regard dès qu’elle danse – et on est d’accord qu’elle ressemble vachement à Kaya Scodelario nan ?
La surprise vient plutôt des personnages secondaires, excellemment bien définis, parfois à la limite de la caricature, mais tellement sincèrement interprétés par leurs acteurs qu’on ne saurait les accuser de sur-jeu. De Denis Podalydès en père de famille plein de bonnes intentions, mais complètement à côté de la plaque, à Muriel Robin en maître zen rentre-dedans, en passant par François Civil, le kiné bobo hypersensible, et l’improbable duo de déjantés campés par Pio Marmaï et Souheila Yacoub (LA révélation du film), Klapish dévoile à nouveau une panoplie de personnalités hautes en couleur dont les relations constituent l’une des forces du long métrage.
En résulte une justesse émotionnelle qui ne bascule jamais dans le mélo, mais surtout beaucoup d’humour. Que ce soit par les dialogues ou les situations parfois loufoques, on rit véritablement de bon cœur devant En corps, même plus que devant une bonne partie des films étiquetés « comédie ».

C’est véritablement la sincérité de l’oeuvre qui la distingue et nous fait nous prendre au jeu, en dépit du manque d’originalité de son intrigue, de ses maladresses thématiques et ses problèmes de rythmes. Un rythme que le réalisateur cherche à nous faire ressentir ailleurs.
Toutes les séquences de danse sont ainsi parfaitement maîtrisées et parviennent à transcender leur média pour nous inspirer des envies d’envol sur la Bayadère ou d’aller nous-même chercher l’ancrage au sol et l’expérimentation du corps dans les chorégraphies et les musiques libératrices d’Hofesh Shechter. Une clé de lecture donnée dès les premières minutes du film avec, fait assez rare pour être souligné, un sublime générique.


Réalisé par Cédric Klapisch
Avec Marion Barbeau, Denis Podalydès, François Civil, Souheila Yacoub, Pio Marmaï, Muriel Robin, Hofesh Shechter etc
France, Belgique – Comédie dramatique
Sortie en salle : 30 mars 2022
Durée : 2h


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