Lamb

Le silence des agneaux

Kezako ?

Maria et Ingvar forment un couple de fermiers reclus dans un ferme islandaise. Parmi leur troupeau de moutons, il découvrent un jour un nouveau-né pas comme les autres. Commence alors une vie de famille loin d’être ordinaire…

La critique de Marcellin – 6,5/10

Les premiers instant de Lamb nous captivent instantanément. Un brouillard gelé nous transperce à travers l’écran, tandis qu’un halètement mystérieux baigne l’univers sonore. Le loup est entré dans la bergerie.

La suite qui se déroule face à nous diffère alors complètement de ces premières images saisissantes. On assiste au quotidien assez mutique d’un couple perdu entre les montagnes islandaises, froides et désertiques.

Ce qui prédomine dans ce premier chapitre est cette privation de paroles, de véritables interactions. Un choix très judicieux de la part de son réalisateur car il nous permet de savourer tout le travail sur l’environnement sonore du film : de la pluie sur des vitres, le vent dans les hautes herbes, le souffle d’un froid menaçant. Ce parti pris a également une directe incidence sur la place du décor. La maison devient un vrai refuge face à une nature hostile, tout à fait propice à accueillir un cocon familial hors du commun.

L’espace mutique se transforme alors en joie d’être ensemble, de la reconstruction d’une famille que l’on comprend déchirée par une précédente perte. Peu à peu, le son, les voix, les rires reviennent.

Alors, chaque escapade extérieure n’en est que plus inquiétante. Et la peur de perdre à nouveau un être cher domine chaque membre de cette union extraordinaire.

Ce premier long métrage de Johannsson présage de belles choses pour le réalisateur. Habitué à travailler sur des super-productions américaines, il nous livre ici un récit aux antipodes de ces derniers : intimiste, épuré à l’extrême. Toute la beauté du cinéma scandinave est présente ici.

Cependant, comme toute première création, elle présente ses défauts.
Si d’un côté Noomi Rapace nous embrase par son jeu tout en retenue, les autres personnages n’ont pas l’opportunité d’être aussi charismatiques. Ainsi, les rapports entretenus par ces derniers avec le mystérieux nouveau-né sont peu clairs et assumés.

D’ailleurs, le scénario en lui même l’est aussi. L’esthétique du film faisant tout son intérêt, le final de ces chapitres est décevant. J’aurais apprécié un peu plus de ce mystère que nous savourons dès le début de l’oeuvre.

Mais ce premier nouveau-né est gage d’une suite intéressante pour son créateur, qui je l’espère, ne restera pas dans le silence bien longtemps.


Réalisé par Valdimar Jóhannsson
Avec  Noomi Rapace, Hilmir Snær Guðnason, Björn Hlynur Haraldsson
Islande– Drame, fantastique
Sortie en salle : 29 décembre 2021
Durée : 1h46min


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